L’Ayurvéda pendant l’été

La philosophie de l’Ayurvéda nous considère comme faisant partie d’un tout, indissociable des mouvements et fluctuations auxquels nous soumet la nature. C’est l’idée selon laquelle nous sommes, comme les animaux et les végétaux, directement impacté.e.s par les changements constants de la nature. Ce qui se passe en nous est entièrement lié à ce qu’il se passe autour de nous. 

Les différentes saisons influent profondément sur ces changements internes et peuvent venir modifier notre fonctionnement global, à l’origine de nouveaux déséquilibres, ou, à l’inverse, peuvent nous permettre de revenir à un fonctionnement plus harmonieux.

Les doshas, trois grands gérants qui composent notre “Constitution ayurvédique” (notion que nous expliquons dans l’article “A chacun sa barque”), ont des cycles de fonctionnement et passent successivement d’une phase d’accumulation, à une phase d’aggravation, pour finalement retourner dans une phase de réduction. C’est cette danse perpétuelle des doshas que nous devons comprendre et maîtriser afin de rester le plus longtemps possible dans un état de santé, et éviter que les déséquilibres ne s’installent trop durablement (idée détaillée dans notre article “L’équilibre naturel”).

Le dosha Vata est en lien avec tout ce que nous pouvons observer ayant les attributs “froid”, “sec” et “léger”. Pitta, lui, a pour attribut principal le “chaud”. Kapha est principalement “frais”, “lourd”, “humide”. Dans la logique ayurvédique, “le même augmente le même, mais les opposés s’équilibrent”, ce qui veut dire que si nous ajoutons à chacun de ces doshas des aliments, activités, ou phénomènes ayant les mêmes attributs, nous risquons alors de les déséquilibrer. Plus précisément, cela implique que nous accentuons leur phase d’aggravation, les empêchant de rentrer dans leur phase de réduction, et donc de rester dans un fonctionnement normal.

Nous comprenons ici toute l’importance des saisons dans l’équilibre naturel des doshas, en lien avec les changements de température, de rythme, d’activités, d’aliments, etc. En automne (saison froide et sèche) Vata s’aggrave, Kapha augmente et Pitta diminue. En hiver et au printemps (saison froide et humide) Kapha s’aggrave, Vata diminue et Pitta s’accumule. Et en été (saison chaude), Pitta s’aggrave, Kapha diminue et Vata augmente

Pour vivre ces changements internes provoqués par les saisons, il nous faudra toujours chercher l’opposé des qualités de ces saisons. Durant l’été, l’Ayurvéda nous préconise donc de privilégier une alimentation rafraîchissante (ce qui ne rime pas nécessairement avec une alimentation froide ou fraiche), mais également une hygiène de vie et des activités apaisantes !

L’été, le rythme s’accélère, les journées sont plus longues, plus chaudes, notre attention est très facilement tournée vers l’extérieur, notre alimentation change également et nous privilégions plus volontiers des aliments froids, crus. 

Si l’été rime souvent avec sensation de liberté en lien avec nos congés, il n’est pas rare cependant de ressentir certains signes de Pitta déséquilibré : Une digestion plus rapide, voire des éliminations excessives, molles, avec une tendance à la diarrhée, une transpiration trop abondante et odorante, des remontées acides, brûlures d’estomac, des menstruations plus abondantes, des éruptions cutanées, de l’impatience, une propension à la frustration et à l’irritabilité, voire à la colère.

Durant cette saison estivale, il sera donc important d’éviter tout ce qui pourrait créer plus de chaleur, de feu, afin d’éviter de déséquilibrer Pitta. Par exemple, éviter les aliments trop salés, épicés, piquants ou acides qui amènent trop de feu dans l’appareil digestif. Les aliments crus (crudités), s’ils semblent nous rafraîchir à première vue, créent en fait plus de chaleur dans le corps car demandent plus d’énergie pour être digérés. Le café, l’alcool, la tomate, le poivron, les oignons et l’ail devront être évités ou mangés avec modération (surtout si votre digestion est de type Pitta). 

Pour équilibrer Pitta, les saveurs douces, amères et astringentes seront à privilégier. Les légumes à feuilles vertes, haricots verts, melon, pastèque, coco, menthe, coriandre par exemple permettent de réguler la chaleur corporelle. 

Il est important d’éviter de boire glacé (plutôt frais ou température ambiante) pour ne pas entraver la digestion en éteignant le feu digestif.

En ce qui concerne l’hygiène de vie, éviter de s’exposer au soleil aux heures Pitta (entre 11h et 16h environ) et privilégier les activités sportives ou corporelles le matin. Il est important de privilégier une approche plus douce du corps, en évitant les sports de compétition, par exemple, ou en réduisant, dans la mesure du possible, les todolists interminables. La marche, la randonnée ou encore la natation sont des sports conseillés pour maintenir Pitta équilibré. Mais avant toute chose, la priorité est de tenter de cultiver un rapport doux à notre quotidien, à nous-même et aux autres. 

Et si l’été correspond à la période d’aggravation de Pitta, elle correspond également à la période d’augmentation de Vata, ce qui nous demande de lui porter aussi une attention particulière afin de préparer le terrain de l’automne. Là aussi il est important de ne pas manger trop de crudités (ce qui ne réussit pas à Vata) et d’éviter tout ce qui est trop sec et froid. 

Afin d’arriver à la fin de l’été et début de l’automne sans risque d’aggraver Vata, il est conseillé de privilégier une routine quotidienne. Vata étant en lien avec notre système nerveux et sensoriel et ayant tendance à se déséquilibrer avec trop d’irrégularité et une absence totale de rythme, il bénéficiera de petits rituels instaurés chaque jour (la mise en place d’une sadhana, pratique quotidienne, la tenue du dinacharya, la routine quotidienne, des temps de méditation, ou tout simplement des petits temps d’introspection pour reposer nos sens). Ici, c’est la régularité de ces pratiques qui permettra de maintenir Vata dans un état d’équilibre.

Ainsi, comme tout ce qui nous entoure, nous sommes constamment en mouvement, traversé.e.s par des changements venant de l’extérieur et auquel il nous faut nous adapter pour rester dans un état d’équilibre : adapter son alimentation, sa pratique et son quotidien (dans la mesure du possible). Rester à l’écoute de soi, des éventuels symptômes en présence pour nous permettre de faire les petits ajustements nécessaires à notre équilibre. 

Texte écrit par Valentine Lodato, thérapeute Ayurvédique au centre Sésam.