L’Ayurvéda et notre système immunitaire
Si vous vous sentez fatigué.e sans raison, avec une sensation de pesanteur, de lourdeur, si votre appétit n’est plus très fort ou que vous ressentez des troubles digestifs (indigestions, constipations, diarrhées), si vous avez une sensation de vertiges, des maux de tête fréquents, du mucus, un état fiévreux, il y a de fortes chances que vous ayez une toxémie corporelle, que l’on appelle Ama. Ama c’est tout ce qui n’a pas été digéré complètement par Agni, le feu digestif. Les toxines en Ayurvéda proviennent, bien sûr, de la nourriture qui aura été mal digérée, mais également de toutes les émotions, pensées et schémas négatifs dont nous n’arrivons pas à nous débarrasser. C’est Ama, cette accumulation de toxines dans le corps qui donne lieu au processus de la maladie. Pour prévenir ce phénomène, l’Ayurvéda s’attache à renforcer Agni et éviter que notre alimentation ou notre mode de vie ne l’affaiblissent (boissons gazeuses, aliments transformés, raffinés, nourriture industrielle, surcharge, jeûnes mal effectués, stress, chocs émotionnels ou physiques…). Des premières habitudes universelles sont à mettre en place pour renforcer Agni, et si elles coulent de source, elles ne sont pas forcément si faciles que ça à mettre en place dans notre quotidien. Nous faisons du bien à notre système digestif lorsque nous mangeons aux mêmes horaires chaque jour, que nous mangeons des aliments frais, non traités et non transformés, que nous buvons de l’eau chaude ou tiède plutôt que froide, et que nous lui offrons des temps de repos avec des jeûnes (attention, jeûner doit se faire en accord avec son état de santé et sa constitution ayurvédique). L’exercice a une grande importance également sur la santé de Agni, et les pratiques seront là aussi variables en fonction des types constitutionnels. A noter que la plupart des postures de Yoga stimulent et renforcent Agni. Il est surtout important de ne jamais s’enfermer dans des habitudes concernant notre digestion et de comprendre qu’elle est continuellement changeante et soumise aux facteurs extérieurs. S’observer au quotidien est la clé pour rester en bonne santé. Comme nous l’expliquons dans l’article “A chacun sa barque”, il n’y a pas de formule magique qui s’applique à chacun dans la vision ayurvédique de la santé, c’est le premier grand principe de l’approche thérapeutique de l’Ayurvéda. Prendre soin de son immunité et de Agni passe avant tout par s’observer, comprendre sa constitution ayurvédique et se rééquilibrer suivant un deuxième grand principe : “le même augmente le même, mais les opposés s’équilibrent”. Ce grand principe, c’est la règle des 20 attributs qui sert toute action thérapeutique ou de rééquilibrage. L’Ayurveda considère que tout ce qui peut être observé (nous et tout ce qui nous entoure) appartient au moins à l’un de ces vingt attributs. Dix paires de qualités opposées qui vont nous permettre de classifier chaque chose. Est-ce que ce que l’on observe est froid ou chaud, onctueux ou sec, lourd ou léger, grossier ou subtil, dense ou fluide, statique ou mobile, lent ou rapide, mou ou dur, doux ou rugueux, terne ou clair ? Comme toutes choses, les trois doshas appartiennent à cette classification et ont des attributs principaux. Vata est en lien avec le sec, le froid, le léger, Pitta est principalement en lien avec le chaud et Kapha avec ce qui est froid, lourd et humide. Comprendre sa constitution de base, son Prakriti, permet de comprendre quels sont les attributs qui sont naturellement en dominance chez nous. Avec le deuxième grand principe “le même augmente le même mais les opposés s’équilibrent” nous comprenons donc que pour rester en état d’équilibre il nous faudra mettre en place une alimentation et une hygiène de vie à l’inverse de notre constitution de base et des attributs principaux du ou des doshas en dominances dans notre fonctionnement. Par exemple, si ma constitution de base, mon Prakriti, est principalement dominé par le dosha Kapha (avec ses propriétés froides, lourdes et humides), que ma digestion est de type Kapha (stable mais pas très vive), et qu’à ce fonctionnement de base Kapha je rajoute des éléments extérieurs du même type et donc froids, lourds et humides (par exemple une glace, un bon camembert coulant, un yaourt), qu’est-ce qu’il va se passer ? Par cette alimentation non adaptée à ma constitution, je vais empêcher le dosha Kapha de retourner en phase de réduction (puisqu’il est augmenté par “le même”) et il va entrer en déséquilibre. Cette alimentation aura donc été la cause de ce déséquilibre, qui va ensuite entraîner une accumulation de toxines dans le corps, un affaiblissement de mon système immunitaire, et, à termes, la maladie. En résumé, booster son système immunitaire selon l’Ayurvéda ce n’est pas seulement prendre quelques compléments alimentaires sans rien changer à notre fonctionnement quotidien. Il nous faut comprendre qu’il s’agit d’un processus global et propre à chacun. Prendre soin de notre système immunitaire dépendra toujours de la façon dont nous nous connaissons, de notre alimentation, de l’organisation de notre quotidien, de notre pratique physique et, surtout, du soin que nous voudrons donner à notre corps chaque jour.
L’Ayurvéda est, comme son nom l’indique “la science et la connaissance de la vie”, et son pouvoir s’inscrit dans une logique de prévention. Son objectif premier est de renforcer le système immunitaire par la restauration de l’équilibre interne. Comme nous l’expliquons dans les deux autres articles “A chacun sa barque” et “L’équilibre naturel”, l’Ayurvéda nous enseigne que si nous connaissons notre corps, notre fonctionnement global, alors nous pouvons devancer la maladie.
La crise sanitaire actuelle nous rappelle l’importance de booster son système immunitaire. D’un point de vue ayurvédique, cela veut dire que plusieurs phénomènes sont à observer quotidiennement : Ama, les toxines, et Agni, le feu digestif
Ama, les toxines, et Agni, le feu digestif
Booster son immunité en respectant son type constitutionnel